Qu’il est intelligent ce petit roman ! Il aurait été tellement simple de jouer la carte de la dramatisation à outrance, de poser un décor misérabiliste et de dresser le portrait d’une gamine en échec scolaire maltraitée par ses proches et/ou harcelée par ses camarades de classe. Du glauque tire-larmes qui aurait forcément expliqué la phobie. Sauf que Sonia, comme beaucoup d’enfants touchés par ce trouble, a en apparence tout pour être heureuse. Elle a une vie équilibrée, des parents même pas divorcés et un niveau scolaire excellent. Fanny Vandermeersch décrit parfaitement l’enchaînement des événements. Un petit grain de sable dans l’engrenage, le malaise s’installe, l’enfant se referme sur lui-même et se réfugie dans le silence, il se coupe du monde et a honte d’avouer son mal être. Il s’enfonce peu à peu sans vraiment savoir pourquoi. Une chute aussi incontrôlable qu’incompréhensible.
Les facteurs sont multiples, le premier restant un manque total de confiance en soi. La souffrance n’est pas éludée, la forme du journal intime renforce l’expression de la douleur de Sophia et de ses interrogations, mais le plus important est qu’après avoir touché le fond, elle soit capable de remonter vers la lumière. Sans résoudre le problème d’un coup de baguette magique mais en avançant fébrilement, pas à pas, soutenue par les siens et par une aide extérieure indispensable à sa reconstruction.
On sent que l’auteure connait son sujet, que l’environnement particulier du collège n’a aucun secret pour elle. Tout sonne juste dans ce texte, des réactions de Sophia à celles, pas franchement à la hauteur mais tellement réalistes, de ses parents. A lire et à faire lire, pour comprendre et discuter, pour ne plus laisser tant d’enfants en souffrance.
Phobie de Fanny Vandermeersch. Le Muscadier, 2017. 90 pages. 9,50 euros. A partir de 10 ans.
Une nouvelle pépite jeunesse que j'ai le plaisir de partager avec Noukette.